Carrière Vicat : un pas vers la sortie ?

Après un débat contradictoire entre représentants de la société Vicat et l'association de défense du Beaujolais vert, les habitants de Chambost-Allières ont rejeté par référendum le projet de carrière dans la forêt de Pully.

Les efforts déployés par la société Vicat n’auront pas suffit à persuader la population de Chambost-Allières d’accepter l’ouverture d’une carrière sur le site de Pully. Invités à se prononcer sur le sujet, à l’issue d’une réunion publique proposée par la mairie, vendredi 20 mai, les habitants ont voté contre à 87%. Le débat, organisé sous l’égide d’un médiateur et du maire, Philippe Bonnet, avec trois représentants du groupe Vicat et trois membres de l’Association de Défense et de développement du Beaujolais vert et du Val d’Azergues (ADD-BV-VA), avait été orchestré dans les formes : présentation du projet par Vicat, questions du public, observations d’ADD-BV-VA, questions du public, débat. Le tout dans le respect des opinions de chacun et du temps de parole de deux parties. « Propriétaire du terrain, le département a demandé aux commune directement concernées, Saint Just d’Avray, Chamelet et Chambost-Allières, de se prononcer. Notre conseil municipal a donc décidé d’organiser ce moment de présentation et d‘échanges », a expliqué Philippe Bonnet, en préambule, avant de préciser que l’avis émis par les habitants, puis par la commune, serait purement consultatif.

Engagements
Premier à s’exprimer, l’exploitant de carrière s’est appliqué à présenter ses objectifs – une production annuelle de 500 000 tonnes de granulats sur une trentaine d’hectares, pendant 30 ans –, les atouts du site de Pully et ses engagements pour réaliser un projet « exemplaire, vertueux et concerté ». Parmi les arguments avancés : l’éloignement des habitations, la création de 12 emplois directs et d’une trentaine indirects, via les sous-traitant, ou la préservation des chemins piétonniers ; mais aussi la limitation des nuisances par la récupération des poussières, l’arrosage des pistes, le bâchage des camions ou la mise en place d’un tapis roulant couvert, pour acheminer le matériau jusqu’à une plateforme de chargement multimodale. L’exploitant envisagerait aussi de transporter la moitié des granulats par le rail, via quatre trains hebdomadaires. Le reste transiterait par la route, à raison, selon Vicat, d'un camion par jour vers Amplepuis, de trois par heure vers Lamure-sur-Azergues/Villefranche et de quatre par heure vers Lyon.

Contre-arguments
ADD-BV-VA a pour sa part insisté sur l’impact de l’exploitation sur le cadre de vie des habitants et sur leur quotidien : circulation importante, vibrations, pollution de la rivière, particules fines, décote du patrimoine, ralentissement du développement économique… Avec une création d’emploi largement insuffisante au regard des emplois condamnés. L’exposition des lieux aux vents dominants, favorables à la transmission des bruits ou de la poussière, a également été évoquée, ainsi que le relief, très pentu, peu favorable à une exploitation « en dent creuse », plus discrète,  et une destruction possible des écosystèmes de la rivière, asphyxiés par les particules fines. La question du transport par rail, peu crédible aujourd’hui étant donné l’état de la ligne Paray-le-Monial-Lyon, la multiplication des camions sur les routes et ses conséquences sur la voirie notamment ont suscité de nombreuses questions dans la salle, ainsi que le risque de dévaluation de l’immobilier, les éventuels problèmes respiratoires ou encore l’emplacement de la plateforme multimodale .

Conclusion sans appel
Manifestement, les réponses de la société Vicat n’ont pas convaincu. Les représentants de l'entreprise ont pris acte du résultat de cette consultation qui s’ajoute au rejet du projet par le conseil municipal de Chamelet, le 2 mars dernier, et à celui des 34 villages de la communauté de communes des Pierres dorées. Le conseil municipal de Saint Just d’Avray devrait se décider avant l’été. « Même si la salle était acquise à l’association ADD-BV-VA, nous avons pu présenter nos intentions, ce qui n’était encore jamais arrivé. Nous avons montré que nous n’avancions pas en terrain conquis. C’est un point positif », estiment-ils. « Nous attendons maintenant la délibération de la commune. Quand à la position finale du département, elle relève de leur entière liberté. » Philippe Bonnet, de son côté, se réjouit du succès de cet exercice, nouveau, de démocratie participative : « Les habitants de tous les âges ont fait l’effort de venir. Ils se sont exprimés. Nous respecteront leur avis et travaillerons désormais à d’autres projets. »

Nadia Gorbatko.

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