Tewee Soo : route à trois voix

Photo : Ismaël Billy.
Photo : Ismaël Billy.

Trois femmes, trois personnalités, trois voix, une tradition orale, mais une multitude de sensibilités : Tewee Soo conjugue la beauté des sons à l’infini. Portrait d’un trio à suivre.

Tewee Soo, c’est d’abord le nom d’un personnage de légende, créé par le romancier danois Jørn Riel : une métisse chamane, ancêtre d’une tribu d’Inuits et meneuse d’hommes. Auprès de « celle qui est toujours en route » ou plutôt auprès de son esprit, demeuré dans une grotte, les femmes vont se ressourcer, chercher de la force… Symbole de la mère universelle, elle est unique et multiple à la fois. Tout comme le trio de chanteuses – Cathy Lorut, Laurence Barthélémy et Héloïse Leveau –  à qui elle a donné son nom.

L’une est enseignante, l’autre vétérinaire, la dernière comédienne. La première vient de l’Est, la seconde du Sud, la troisième de l’Ouest. Celle-ci a déjà plusieurs groupes à son actif, celles-là ont fait leurs armes à l’église ou à la maitrise de l’opéra de Nantes. Mais toutes chantent comme elles respirent. Et chantent ensemble en parfaite harmonie : a capella, le plus souvent, et en polyphonie. Des chansons d’inspiration traditionnelle, ancrées dans l’oralité, parfois dans un passé très ancien, qui évoquent les différents états d’âme de la femme, ses joies, ses peines, son rapport à la nature, aux hommes, aux enfants, ses amours… Le voyage et le cheminement aussi. En français, en suédois, en hébreu, en corse, en anglais, en flamand… Qu’importe. Pourvu que, comme Tewee Soo, elles rassemblent et transmettent l’énergie.

Un accord évident
Leur association, après une rencontre chez des amis communs, en 2013, en Haute Vallée d’Azergues, s’est imposée comme une évidence. « Je rêvais depuis toujours de chanter ainsi à plusieurs voix », confie Laurence. « Ca aurait pu ne pas fonctionner mais ça a pris tout de suite. On s’est accrochées. Comme ça », enchaine Héloïse. Au sein du trio, pas de leader, pas de place déterminée, pas de tessiture de voix attribuée, tout est en mouvement : « Nous avons des rôles interchangeables. La conduite peut être prise par l’une ou l’autre selon la chanson, notre humeur, ce que l’on a envie de faire passer », explique Cathy. Et la magie fonctionne : à la librairie Compagnon de Grandris en mai 2014, au Callifolies de Saint Bonnet-le-Troncy en juillet, à l’église de Lamure-sur-Azergues lors de la Fête des Lumières en décembre, au Théâtre le Fou, à Lyon, en avril 2015, au Festival le "Cri du col" de Monsol, en août dernier…

Lorsqu’on leur demande un mot pour symboliser leur groupe, elles hésitent longuement : « voyage ? », « amour ? », « nature ? », « lien ? », « mystère ? ». Ou peut-être « combats ? », « Racine ? »… Difficile de réduire ainsi leur richesse. « Les chamanes voient le monde comme une toile constitué des fils de destin qui s’entremêlent. Tewee Soo, c’est ça : trois voix, trois personnalités et plusieurs sources d’inspiration qui s’entremêlent pour devenir indissociables », remarquent-elles. Aujourd’hui, tout en souhaitant préserver leur composante orale, elles travaillent à un spectacle plus abouti, avec plus de mise en scène, d’instruments et de jeux de lumière. Mais quelle que soit la route que suivra Tewee Soo, nous sommes certains d’être transportés.
Nadia Gorbatko.

Où les entendre ? Le 1er mai, 17 heures, à l'église de Chambost. Un programme HVA Culture.

En savoir plus : https://www.facebook.com/teweesoo